La couleur du pelage et la longueur du museau d’un chien sont des caractères héréditaires, hérité des parents et transmis à la descendance. Mais ces deux caractères qui peuvent être défini comme respectivement qualitatif et quantitatif, ne sont pas héritables de la même manière. Alors quels sont les différents types d’hérédité ?
Le phénotype d’un individu se décompose en plusieurs caractères que l’on peut regrouper en trois catégories :
- Les caractères qualitatifs se définissent par une qualité, comme par exemple la couleur fauve ou noire du pelage du chien. Chaque caractère est gouverné par un gène unique, mais plusieurs gènes gouvernant des caractères qualitatifs peuvent entrer en interaction afin de produire un phénotype. En général, les caractères qualitatifs se transmettent de façon stable mais parfois l’environnement peut modifier l’expression du caractère (exemple : chez le chat, la température extérieure peut modifier l’intensité de la pigmentation d’un individu de phénotype colourpoint = patron siamois).
- Les caractères quantitatifs (ou métriques) se définissent par une quantité ou une mesure comme par exemple la longueur du fouet, le poids. Ils subissent une variation dite continue, c’est-à-dire que dans une population, il existe tous les intermédiaires entre les valeurs extrêmes. La variation continue résulte la plupart du temps d’effets génétiques associés aux effets de l’environnement. L’environnement regroupe de très nombreux facteurs comme la composition de la ration, l’ambiance, l’éducation de la mère ou la gestion du propriétaire. Les effets génétiques sont régis par un grand nombre de gènes, chacun d’entre eux ayant un effet faible sur le caractère considéré et ne pouvant par conséquent pas être identifié individuellement, on parle de polygènes. Les caractères quantitatifs sont également appelés caractères complexes ou multifactoriels.
- Les caractères à seuil se définissent aussi par une quantité ou une mesure, mais ils subissent une variation discontinue (exemple : la taille de la portée).
Il est important de préciser qu’il n’existe pas fondamentalement une hérédité qualitative et une hérédité quantitative puisqu’elles peuvent combiner leurs effets pour produire un caractère donné. Il est donc primordial, dans la pratique de l’élevage, de savoir identifier si un caractère est qualitatif ou quantitatif et de connaitre les lois de l’hérédité le concernant. |
Hérédité des caractères qualitatifs
On distingue l’hérédité autosomique où les gènes ne sont pas portés par des chromosomes sexuels et l’hérédité liée au sexe où les gènes en cause sont portés par les chromosomes sexuels.
La loi de ségrégation des caractères de MENDEL résulte du fait que les allèles localisés sur des chromosomes différents se séparent de façon indépendante lors de la méiose. Lorsqu’un croisement fait au contraire intervenir des allèles situés sur le même chromosome, ces derniers tendent à rester associés dans la descendance.
Dans le cas de l’hérédité autosomique, plusieurs situations existent. Il peut y avoir:
- Un seul gène en cause, on parle alors de monohybridisme et le résultat des croisements résulte du caractère dominant ou récessif de l’allèle concerné.
- Deux ou plusieurs couples d’allèles en cause, on parle de dihybridisme ou de polyhybridisme. Il existe deux possibilités : soit les gènes sont situés sur deux chromosomes différents et dans ce cas ils se ségrégent de façon indépendante, on parle de gènes indépendants, soit les gènes sont situés sur le même chromosome, on parle alors de gènes liés.
Lorsque les gènes considérés sont portés par les chromosomes sexuels (chromosome X, aucune phénotype canin lié à l’Y n’ayant été identifiée à ce jour), les résultats varient selon que l’allèle en cause est dominant ou récessif.
Bien que chaque gène ait un rôle spécifique, certains peuvent entrer en interaction et produire des phénotypes nouveaux.
Ainsi, il en résulte plusieurs possibilités :
- Il existe des gènes dits pléiotropes, c’est-à-dire qu’ils régissent deux caractères n’ayant apparemment aucun rapport entre eux (exemple : les chats blancs aux yeux bleus sont souvent sourds).
- La dominance d’un allèle sur un autre n’est pas toujours complète. On parle de dominance complète lorsque le phénotype de l’hétérozygote est strictement identique à celui de l’homozygote muté, ce qui est assez rare. En effet on a souvent des dominances incomplètes, des codominances (les deux allèles s’expriment pleinement chez l’hétérozygote) ou des super dominances (le phénotype de l’hétérozygote s’exprime de façon plus intense que celui de l’homozygote muté).
- On observe des modifications des rapports phénotypiques, c’est-à-dire que les rapports phénotypiques observés ne correspondent pas à ce qui est attendu, même si les rapports génotypiques demeurent inchangés. C’est le cas notamment lors de létalité, d’épistasie (lorsqu’un gène masque l’expression phénotypique d’un autre gène non allèle) et également lors d’hérédité liée au sexe.
- Il est possible qu’un individu n’exprime pas le phénotype correspondant à son génotype, on parle alors de pénétrance incomplète. La pénétrance est complète si tous les individus possédant le même génotype ont le même phénotype. Elle est incomplète si des individus de génotype muté n’ont pas le phénotype muté. Le phénomène de pénétrance incomplète est très fréquent lors d’anomalie génétique dominante. Il est d’ailleurs souvent difficile de différencier une transmission autosomique récessive d’une transmission autosomique dominante à pénétrance incomplète.
Hérédité des caractères quantitatifs
Un caractère quantitatif subit l’influence de nombreux gènes, dont les effets sont faibles mais s’additionnent (exemple : hauteur au garrot, on peut imaginer des allèles de gènes agrandissant chacun l’animal de 0,1 cm, il en faut alors 10 pour atteindre 1 cm et 50 pour atteindre 5 cm. Les animaux les plus grands dans une race donnée sont donc ceux qui ont accumulé le plus d’allèles d’agrandissement).
Un caractère quantitatif subit aussi l’influence d’un grand nombre de facteurs d’environnement. En effet, pour qu’un animal soit grand il faut, non seulement qu’il possède les allèles nécessaires mais aussi qu’il n’ait pas connu de problèmes durant sa croissance (alimentation, conditions d’élevage…).
Le niveau d’expression phénotypique d’un caractère quantitatif est donc la résultante de l’accumulation d’une certaine quantité d’allèles agissant dans la même direction et additionnant leurs effets et ainsi que de facteurs du milieu.